Lors de notre passage à Valladolid dans le Yucatán, nous avons fait la connaissance de Raúl Hernandez, architecte passionné par l’étude des techniques constructives anciennes. Nous avons pu passer quelques jours avec lui et l’accompagner sur divers chantiers au cours de deux de ses journées de travail.
Présentation, philosophie de travail
Dans la région de Valladolid, son travail se concentre sur des réhabilitations d’édifices anciens, le plus souvent d’architecture coloniale. Il met un point d’honneur à connaître et à utiliser les techniques et les matériaux utilisés à l’époque dans ses chantiers de réhabilitations. Généralement, Il s’agit de réhabilitations et non de restaurations, ce qui permet à Raúl de revisiter ces techniques et ces matériaux ancestraux dans une architecture plus contemporaine. Ainsi, les enduits de terre aux teintes originales recouvrent les murs en Adobe réhabilités d’une ancienne bâtisse du vieux centre de Valladolid, des toitures en feuilles de palmier abritent des constructions de pierre réhabilitées en fond de jardin, des parois en bois tressé séparent les espaces et des essences de bois traditionnellement utilisées par les mayas retrouvent leur rôle structurel dans un projet d’hôtel.
Architecte impliqué dans l’activité économique et sociale de la région, pour chacun de ses projets, Raúl travaille avec les menuisiers de son village pour des commandes de mobilier sur mesure. Ce savoir-faire traditionnel qui se perpétue dans de nombreuses régions du Mexique permet un travail en détail sur l’ameublement et les menuiseries. De cette manière, il a pu redessiner des pièces de bois pour un système de portail ancien ou encore faire entièrement meubler sur mesure un projet, mettant à l’honneur ce savoir-faire local.
Projet phare: la réhabilitation de l’hacienda Kancaba
Pour ce gros projet de réhabilitation qui a duré deux ans, Raúl s’est appliqué à utiliser principalement des techniques de l’époque coloniale mettant en œuvre des matériaux locaux. Du montage des murs en pierre à la charpente en bois d’essence locale en passant par les enduits à la chaux aux pigments naturels, chaque technique constructive a été étudiée et mise en œuvre selon les pratiques de l’époque. Les toits de palme, les parois de bois tressés et les murs de torchis des édifices annexes ont également été réhabilités selon les techniques populaires locales, grâce au savoir-faire des ouvriers.
L’étude des savoir-faire maya
A côté des différents chantiers de réhabilitation, Raúl Hernandez se passionne pour l’étude de l’architecture Maya, dont le Yucatan et les régions aux alentours regorgent de sites remarquables. A travers de nombreux croquis, lectures, explorations, il dissèque les savoir-faire de ce peuple constructeur. Des huttes de torchis et feuilles de palmier à la voûte maya des temples en pierres sèches, chaque technique l’inspire dans sa pratique.
Lors de notre rencontre, il travaillait sur un projet d’aménagement d’un accès piéton au site archéologique de Chichén Itza. Son idée était de repenser le maigre dallage de béton qui reliait le village au site par une voie aménagée pour piétons et vélos, plantée et éclairée. Une idée simple dont tout l’intérêt réside dans la technique constructive de cette voie. Raúl proposait de bâtir cette voie selon une technique utilisée par les mayas pour leur voies de communication qu’ils appelaient « sak-be », un travail de mémoire pour l’aménagement de ce site historique, mettant à l’honneur une technique simple à base de matériaux locaux et naturels. En effet, en empilant différentes couches de pierre, de sable et de chaux comme le faisait les mayas, pas besoin de béton ni de ciment pour une voie durable. Ce projet en chantier au moment de notre visite a été achevé depuis.
C.