Entre Sucre et le salar d’Uyuni nous passons par la ville la plus haute du monde, Potosi, perchée à une altitude moyenne de 4000m.
Une ville historique
La légende raconte qu’en 1544 un berger Inca qui tentait de capturer un de ses lamas évadés fut surpris par la nuit et alluma un feu sur les flancs de la montagne connue sous le nom de Potosi, pour se réchauffer. Il en jaillit alors un liquide argenté, le filon d’argent venait d’être découvert et donnerait lieu à trois siècles d’exploitation par les conquistadors espagnols… Trois siècles durant lesquels des millions d’esclaves, d’abord indiens, puis africains pour pallier au manque de main d’œuvre, se tuèrent à la tâche au profit de la couronne espagnole. Si pendant son âge d’or, ou plutôt d’argent, Potosi fut connue à travers le monde entier comme la cité la plus riche des Amériques il n’en reste aujourd’hui que quelques bâtiments coloniaux, dont la Casa de la Moneda, pour en témoigner.
C’est dans ce bâtiment, ou plutôt cet ensemble de bâtiments occupant un pâté de maison, en activité du 17ème siècle à 1951, que furent frappées les monnaies successives de la Bolivie mais aussi d’autres pays. Si la monnaie bolivienne est aujourd’hui éditée par des banques étrangères parmi lesquelles certaines du Canada et de la France, les mines d’argent sont quant à elles toujours exploitées. Bien que le gisement soit quasiment épuisé cela reste le premier poste économique de la région mais aussi la première attraction touristique de la ville.
Rencontre avec un ancien mineur
Nous décidons de ne pas visiter ces mines car nous ne souhaitons pas exercer une sorte de voyeurisme en assistant au travail des mineurs qui triment dans des conditions plus que difficiles. Bon et pour être totalement honnête, déjà que je me sens serré dans un duvet l’idée d’aller m’enfoncer dans des galeries minuscules qui serpentent jusqu’à 3 km au cœur de la montagne ne m’emballe pas plus que ça!
Cependant, alors que nous cherchions des infos sur une fête traditionnelle avec sacrifice de lama au programme, qui finalement avait eu lieu le 1er août et non le premier weekend d’août, enfin bref, nous sommes tombés sur un ancien mineur de 37 ans avec qui nous avons un peu discuté.
Il tient aujourd’hui une agence de tourisme qui propose des tours dans les mines et il nous explique que les mineurs sont fiers de leur travail. Selon lui les mineurs meurent jeunes non pas à cause de leur difficiles conditions de travail mais à cause de leur hygiène de vie déplorable à grand renfort d’alcool et de tabac. Il nous explique que son père a travaillé 40 ans dans les mines et n’est pas mort au bout de 15 ans, espérance de vie moyenne des mineurs soi-disant annoncée par d’autre tours opérateurs. Néanmoins son oncle, un autre mineur, est à l’hôpital à 47 ans et va probablement mourir. Accordons-lui que l’alcool et le tabac n’aident pas les choses mais le travail à la mine est loin d’être sain et il ne nous fera pas changer d’avis sur ce type de « visite touristique ».
Potosi, ville authentique
En dehors des mines et des monuments liés à l’histoire de l’argent il n’y a pas grand-chose à voir dans la ville. Mais déambuler dans ses petites ruelles où l’on trouve nombre d’échoppes de tissus de qualité et quelques belles bâtisses nous a bien plut. Le fait que l’on ne ressente pas trop la présence touristique et que l’on trouve des têtes de vaches et des offrandes à la Pacha Mama (déesse de la terre mère), dont des fœtus de lama, sur les étals du marché y est aussi sûrement pour quelque chose.
Après ces quelques jours passés dans une ville au passé si riche et tourmenté, c’est plein d’excitation que nous nous dirigeons vers l’Ouest et le fameux Salar d’Uyuni!
W.