Après nos quelques jours autour du lac Titicaca et de la ville de Copacabana, nous prenons la route vers le centre du pays…
La Paz : L’esquive d’une capitale bondée
Pour l’étape jusqu’à La Paz, nous ne sommes pas seuls puisque nous embarquons avec nous Alex et Marine, deux voyageurs en sac à dos, rencontrés sur l’Isla del Sol. Pour quitter la rive de Copacabana, il faut traverser un bras du lac Titicaca, en chargeant le van sur une barge de bois à moteur. Garés derrière un bus sur cette coque de bois usée, enfoncée dans l’eau sous le poids des deux véhicules à bord, nous atteignons l’autre rive en quelques minutes, soulagés.
Marine et Alexis ont prévu quelques jours dans la capitale, nous convenons de les déposer en périphérie de la ville. Pour notre part, comme souvent pour ce genre de métropole tentaculaire, nous préférons passer notre tour avec le van, d’autant que de nombreux voyageurs nous ont parlé des difficultés de circulation dans cette capitale, plus que dans toute autre ville d’Amérique du Sud… Et nous en faisons l’expérience déjà à sa lisière !
En contournant la ville par le quartier d’El Alto, le trafic est extrêmement chargé. Des centaines de mini-bus « collectivos » se suivent à « touche-touche ». Les klaxons fusent. Nous redoublons de vigilance pour parvenir à nous faufiler dans cet marrée de véhicules sans en frôler un seul. Dans cette cohue, nous déposons nos passagers à un croisement et nous souhaitons bonne chance dans la poursuite de nos voyages respectifs. Nous poursuivons notre chemin loin de la métropole à travers l’altiplano désertique, en direction de la ville de Sucre, ville certes, mais plus tranquille…
Moment inattendu sur la route de Sucre…
Alors que nous pique-niquons tranquillement sur une piste de terre en bord de route, nous observons de nombreux camions, pick-ups et voitures pleins à craquer nous passer sous le nez, roulant tous dans la même direction. Les passagers chantent en chœur… Une procession ? Le retour de la messe ? Dans un groupe de piétons, une femme nous aperçoit et nous invite à les suivre. Elle nous explique que tous se rendent à un baptême collectif, dans la rivière à quelques centaines de mètres. Nous embarquons le groupe de 4 personnes dans le van et nous rendons jusqu’à la rivière en suivant leurs indications. Là, une foule de gens est réunie sur les berges de chaque côté du cours d’eau. Les femmes ont la tête recouverte d’un voile blanc brodé et tous chantent en chœur. Le moment nous semble un peu irréel… Le curé, au milieu de la rivière, baptise à tour de rôle, hommes et femmes, qui descendent habillés le rejoindre dans l’eau. Après avoir déclamé quelques prières, il plonge littéralement les baptisés dans l’eau au son des chants des fidèles…
Sucre, Ville coloniale splendide et cœur de la nation Bolivienne
Sucre (à prononcer « soucré » vous l’aurez compris !) est réputée pour être la plus belle ville de Bolivie avec ses bâtiments coloniaux blanchis à la chaux et son centre-ville est d’ailleurs classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1991. Elle est aussi le cœur symbolique de la nation car, comme nous l’explique fièrement un de ses habitants croisé dans la rue, c’est ici qu’a été proclamée l’indépendance du pays.
La place animée et les bâtiments coloniaux blancs sont pleins de charmes. Nous passons du temps à découvrir la ville aux grès des rues et des édifices remarquables.
Comme à notre habitude, nous nous attardons dans le grand marché central de la ville, qui regorge d’activité et de nourriture. Une fois de plus, comme dans tous les pays d’Amérique Centrale, le marché central est le lieu qui rassemble tous les habitants, foisonnant d’odeurs, de couleurs et de denrées inconnues…
Ici encore, les étals de viande sanglants parsemés de quelques mouches sont légion. Des montagnes de fruits et légumes ou encore des piles de fromages s’élèvent jusqu’au-dessus de nos tête. Des femmes vendent des sucreries de gélatines multicolores solidifiées dans des gobelets en plastiques et les stands de gâteaux à la crème gargantuesques rivalisent d’inventivité avec des décorations en pâte à sucre invraisemblables.
Dans les comedors du marché, nous dégustons le ragoût local, le « Mondongo », et les traditionnelles « Salteñas » typiques de la ville, sorte de chaussons fourrés à la viande ou au poulet, des empanadas boliviens en somme, avec une petite touche sucrée dans la pâte…
Rencontre inattendue dans les rues de Sucre…
Au détour d’une de nos ballades, à la sortie d’une église, nous observons un groupe de personnes déguisées, en train de se préparer pour une procession, ou un défilé… Les femmes en tenues traditionnelles, les hommes coiffés de masques colorés ou de tenues de bêtes poilues avec de grands masques et de longues griffes. Dans la rue, devant l’église, d’autres personnes décorent des voitures, recouvertes de linges blancs, auxquels sont accrochées des pièces d’argenterie, cuillères, soupières etc. Intrigués, nous engageons la conversation. Ils célèbrent un certain saint, et la fête se poursuit après le défilé dans la maison d’une des personnes de la famille…
Nous sommes invités à suivre le cortège qui débute en fanfare puis se poursuit au rythme d’un groupe de musiciens jouant en chœur des instruments semblables à des flûtes de pan. Après une longue déambulation à travers la ville, nous arrivons dans le quartier du cimetière, ou le défilé prend fin dans une maison familiale. Tous les membres de cette même famille vont poursuivre les festivités toute l’après-midi et nous sommes chaleureusement invités par plusieurs d’entre eux à participer.
Dans un coin de la cour, un autel orné de pains et brioches en tout genre a été aménagé en l’honneur du Saint célébré. Les hommes boivent des litres de bière en musique, continuant entre deux gorgées, de souffler dans leurs instruments. La tradition veut que chacun boive son verre d’un trait avant de faire suivre le gobelet à son voisin.. et difficile de décliner l’invitation !
Nous dégustons une soupe de « mani » (cacahuète) ,plat traditionnel servie par la maîtresse de maison en tenue de gala, à l’ensemble de ses invités. Après un moment à échanger avec nos hôtes sur le pays, le voyage et nos cultures différentes, nous sentons le degré d’alcoolémie augmenter peu à peu et, préférons nous éclipser pour les laisser terminer l’après-midi en famille. C’est après de nombreuses embrassades et les bras chargés d’une bouteille du cocktail maison rose et laiteux que nous continuons notre chemin…
C.