C’est au cours de recherches sur les tendances constructives au Canada que nous nous sommes intéressés au phénomène des mini-maisons qui se développe actuellement en Amérique du Nord. Dans un pays aussi étendu que le Canada ou la disponibilité des terrains est loin d’être un problème, ce concept nous a interpellé.
Lors de notre passage dans la région des Laurentides, nous visitons le site du « Eco-hameau des Sources », dans lequel sont prévues des constructions mixtes de mini-maisons et de maisons en auto-construction. Ce projet est porté par « Habitat Multi-Génération », une société de promotion immobilière qui tente de développer des quartiers durables, tant d’un point de vue économique et social qu’environnemental. La démarche de développement de l’économie sociale et solidaire dans un contexte de promotion immobilière nous intéresse : Green painting ou projet durable engagé ?
Nous rencontrons Claude Trépanier, responsable du développement de l’entreprise, dans les bureaux de Montréal, qui nous explique leur projet d’éco-hameau et le travail d’ « Habitat Multi-Génération ».
Concept de promotion
Leur principale influence provient du travail mené par l’organisation « Habitat for Humanity » aux USA, un organisme à but non lucratif dont le but est de permettre l’accès à l’habitation pour les personnes démunies. Les coûts de construction sont réduits drastiquement en promouvant l’auto-construction ce qui permet d’obtenir des habitations aux prix des matériaux. L’objectif des projets d’habitations et de quartiers développés par « Habitat Multi-Génération » est donc avant tout économique. Un but premier auquel s’ajoute une dimension environnementale qui devient centrale dans le développement du projet, l’idée étant de concevoir des lieux de vie à faible impact sur leur environnement accessibles à tous. Il s’agit finalement de trouver le bon compromis entre construction économique et écologique.
Les mini-maisons
Le concept des Mini-maisons ou Tiny-houses s’inscrit dans la recherche de la réduction des coûts de construction. En dessous de 100 m2, les structures bois sont préfabriquées en atelier et le degré de finition peut être adapté en fonction de la part d’auto-construction engagée par le propriétaire. Des sections entières sont préfabriquées et transportées sur site et leur assemblage peut être réalisé en 4H. Le transport d’éléments plutôt que la maison entière permet de s’affranchir des contraintes liées aux convois exceptionnels, les coûts et les nuisances de chantier sont ainsi réduits autant que possible. Trois types d’isolation sont proposés, allant du plus écologique au plus économique, mais toujours dans l’idée de rester accessible en termes de mise en œuvre en auto-construction (ouate de cellulose, panneaux structurants isolés (polyuréthane) ou laine de roche). Le design de ces tiny-house, pensé pour le climat québécois, se veut fonctionnel et économique. La forme compacte s’inspire des principes de base de la construction bioclimatique. Les angles de toiture et les dimensions en hauteur et en largeur sont définies en fonction des angles des rayons solaires en été et en hiver. Elles sont conçues pour être « déposées » sur site, en fonction de l’orientation. Les modèles existants sont globalement conçus pour une topographie plate. Prenant en compte l’évolution de la société et du modèle familial, quatre modèles « types » ont été projetés pour s’adapter à différents besoins : habitant célibataire, jeune couple actif ou famille monoparentale, famille et sénior.
Concept d’Eco-quartier durable : social, solidaire et environnemental
Le projet affiche clairement une volonté de mixité sociale et générationnelle, qui selon l’équipe d’Habitat Multi Génération, serait facilité par le contexte rural, mais proche d’une agglomération de taille moyenne, et la notion de fonctionnement participatif du quartier. Le plan d’aménagement du « Eco-hameau de la source » à Lantier propose un découpage des lots organisés de manière à avoir 6 parcelles autours d’un espace partagé. La fonction de cet espace est à déterminer par les 6 résidents (jardin, four à pain, salle commune…). Les espaces communs seront aménagés de manière à créer des puits artésiens, qui permettront de récupérer l’eau de pluie et de la partager entre les 6 résidents d’une même entité.
Sur le terrain disponible pour cet éco-quartier, situé sur un ancien domaine agricole forestier de 165 acres, seulement 25 % du territoire est destiné à être construit. Le défrichement nécessaire pour l’aménagement des terrains à bâtir alimentera en grande partie le besoin en bois de construction. Le projet prévoit de conserver un maximum d’espace naturel non modifiés, afin de permettre aux résidents de profiter des ressources naturelles de la forêt et du lac voisin pour s’alimenter (cueillette fruits, champignon, pêche), se chauffer ou même cultiver des terres. Ces espaces naturels forestiers ou agricoles au sein du quartier représentent également une perspective d’emploi pour certains résidents, dans un contexte rural. Pour Habitat Multi Génération, l’idée est de créer un quartier qui tend si ce n’est vers l’autosuffisance au moins vers l’autonomisation de ses résidents, d’un point de vue alimentaire, énergétique et économique.
Les mini-maisons sont un modèle de maisons préfabriquées et auto-construites en partie, proposée par les promoteurs du projet pour une solution économique. Mais elles ne sont pas la seule alternative. Des terrains sont disponibles en vente seule, et les résidents sont libres de construire leur propre projet.
Un projet ambitieux qui manque encore de support technique
Contrairement à beaucoup d’opérations immobilières, le projet d’Habitat Multi Génération propose un modèle urbain basé sur les trois piliers du développement durable qui sont l’économie, le social et l’environnemental. Le développement de ces Eco-hameau en divers endroit du Québec est en cours,. les terrains sont défrichés et quelques habitations sont déjà construites. Toutefois, le projet étant en cours de développement et à la recherche de subventions, l’expertise en bioclimatique et la conception architecturale pourraient être approfondies en faisant appel à des experts (Bureaux d’études, architectes, urbanistes..). L’aménagement des espaces du quartier et l’efficacité énergétique des mini-maisons serait alors optimisés. Enfin, le projet gagnerait à établir une règlementation quant au fonctionnement du quartier et aux règles de construction, de manière à conserver la cohérence du projet d’ensemble, y compris pour les acheteurs de terrain seulement qui seraient de fait intégrés au processus participatif.