L’éco-hameau de la Baie se situe sur les bords du fjord du Saguenay, à une demi-heure au Sud de Chicoutimi/Saguenay. Une dizaine de maisons émergent de la pente douce des bords du fjord. On peut apercevoir certaines toitures en bardeaux de cèdres au milieu de la végétation abondante. Un chemin sinueux remonte la pente et distribue les différentes propriétés jusqu’à l’érablière et les forêts sur le fond du domaine, en passant par l’étable des chèvres, la scierie et le hangar à foin. Le village est composé d’une dizaine de maisons, d’espaces dédiés à la culture et l’élevage et poursuit son évolution avec plusieurs terrains disponibles à la construction ainsi qu’un projet de bâtiment commun, au cœur du village.
RECHERCHE ET EXPERIMENTATION
L’éco-hameau de la Baie a été fondé dans les années 90 par le GREB, Groupe de Recherches Ecologiques de la Baie, un organisme à but non lucratif qui expérimente des solutions pour un mode de vie écologiquement, socialement et économiquement durable. Le hameau incarne un véritable projet de « «société humaniste basé sur une gestion écologique des ressources renouvelables ».
Pierre Gilbert et Patrick Dery sont les membres actifs les plus anciens de ce projet. C’est eux qui nous ont reçus pour nous parler de leur démarche. Ils ont développé un mode de vie basé sur l’expérimentation concrète des solutions élaborées au cours de leurs recherches. Les champs d’investigation sont variés : techniques de construction, indépendance énergétique, agriculture, aménagement du territoire, civisme, coopération et économie sociale… L’approche expérimentale du GREB permet de mettre en avant les résultats concrets ainsi que les échecs, desquels on peut également tirer des enseignements. Pierre Gilbert définit cette approche et la démarche du GREB :
« Notre démarche est issue d’une philosophie humaniste, excluant une approche survivaliste. L’idée est de privilégier la décentralisation, dans une démarche locale.
Aujourd’hui, notre réflexion, 26 ans plus tard, permet de confirmer nos intuitions de départ, à savoir que le reste du siècle, confronté aux problématiques énergétiques, ne pourra pas continuer sur ce modèle là de mondialisation. Pour optimiser l’énergie, tout indique que nous allons devoir renationaliser l’économie, relocaliser la production. Cela pose aussi la question de la dimension des villes dans l’avenir, avec la tendance actuelle à l’urbanisation très forte et la construction de mégalopoles. Moi je pense qu’il n’y a aucune viabilité pour ces grands ensembles là, mais cela n’exclut pas le concept de ville. Il faut réfléchir à leur organisation, leur répartition sur le territoire et réorienter le territoire vers la production de ressources. La question de la densité des villes est primordiale. En Amérique du Nord, les villes sont très peu denses, parcequ’on a ici le territoire disponible. En Europe, les villes sont issues d’une trame médiévale, « pré-industrielle » alors qu’ici, c’est l’ère de l’industrialisation qui a donné l’échelle des villes.
C’est dans ce contexte local d’aménagement du territoire que nous ancrons notre réflexion et nos recherches. On essaie de faire un état des lieux puis d’imaginer des perspectives d’avenir, indépendantes du pétrole et basées sur l’exploitation des énergies renouvelables. Ce sont ces questions-là qui déterminent nos choix et nos recherches dans la construction écologique. »
FONCTIONNEMENT DU ECO-HAMEAU DE LA BAIE
AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
L’aménagement urbain du hameau est régi par un plan d’aménagement mis en place spécifiquement pour le village, à l’issue d’un travail commun des habitants et de la commune. Le hameau est divisé en deux zones d’aménagement réglementées destinée au développement du hameau, séparées par une zone verte non constructible, au centre du village. Sur les zones constructibles, le plan d’aménagement impose une implantation des bâtiments de façon à utiliser au maximum le solaire passif et minimiser les effets négatifs du vent en hiver. Le bois, le crépi et la pierre (uniquement si structurale) sont imposés pour l’extérieur. Les toits végétaux de chaume et de bardeaux de bois sont privilégiés. Les toits de bardeaux d’asphalte et de métal sont interdits.
Le stationnement et le tri des déchets sont évidemment strictement réglementés y compris pour les déchets organiques.
ARCHITECTURE
Le plan d’aménagement impose des constructions compactes (sont interdites les constructions dont la largeur est deux fois plus grande que la longueur). Les foyers de masse sont l’unique source de chauffage tolérée et les constructions principales doivent être équipées de chauffe-eau solaire. L’architecture des maisons est d’inspiration Alpine, issue d’une réflexion poussée sur la prise en compte du contexte climatique et topographique du site. Chaque habitation a été conçue dans un souci de faible impact sur son environnement, en recourant à des techniques de construction durables avec des matériaux naturels, recyclables et locaux. Une grande partie des bâtiments du hameau ont-été réalisés en auto-construction.
TECHNIQUE DE CONSTRUCTION
Dans le domaine de la construction, le GREB a élaboré une technique de construction en paille qui prouvé son efficacité à la fois économique, énergétique et technique à travers de multiples réalisations ainsi que des tests homologués au Québec. Nous détaillons cette technique de construction dans un article spécifique dans la catégorie « Techniques de construction».