Une fois de plus nous franchissons la frontière pour repasser au Chili avec toujours ce petit stress de tomber sur un douanier zélé qui désosserai le van à la recherche de végétaux, frais ou secs, graines ou produit animal interdits d’un pays à l’autre. Cela étant dit, nous commençons à être rodés à l’exercice : nous déclarons donc deux courgettes et une gousse d’ail qui seront aussitôt confisqués. Convaincus de notre bonne foi, les douaniers ne chercheront pas plus loin. Nous avons une fois de plus sauvé nos trésors de voyagé, et accessoirement un bout de « roquefort » argentin (il n’y a pas de petite victoire !).
Coté Chilien nous avançons à vue avec en ligne de mire cette chaîne montagneuse qui se dresse au loin, c’est le fameux massif du Paine et ses deux tours, les célèbres Torres del Paine. Aux abords du parc la route laisse place à une piste en bon état qui passe entre les lacs et les collines remplis de guanaco avec toujours ces sommets enneigés bien dégagés qui se rapprochent petit à petit.
Non, nous n’avons pas fait le W !
Le parc Torres del Paine est particulièrement réputé pour ses circuits de randonnée et notamment celui en forme de W qui permet de traverser le parc à pied en 4-5jours. Une activité quasi-incontournable pour les voyageurs qui s’aventurent dans la région.
Sur le papier l’idée est séduisante : 4j en autonomie en pleine nature dans un cadre magnifique. Sauf qu’avec l’explosion de la fréquentation du parc et un incendie gigantesque en 2011-2012 du à la négligence d’un randonneur, faire ce trek coûte aujourd’hui très cher et demande une sacrée organisation logistique. Il faut obligatoirement réserver à l’avance ses emplacements dans les campings du parc. Campings gérés par des sociétés privées, dont une joue le jeu et facture l’emplacement à 10$US la nuit et l’autre « Fantasticosur » pratique des tarifs prohibitifs à plus de 90$US la nuit par personne (nous parlons bien d’une nuit en camping)! Il faut ajouter à cela l’entrée du parc à 30$US soit une expédition à plus de 300$US par personne pas vraiment compatible avec notre budget et notre mode de voyage au jour le jour ou presque.
Nous invitons d’ailleurs les voyageurs à passer plus de temps sur le massif du Fitz-Roy (Argentine) où les campings sont gratuits et les possibilités de randos tout aussi nombreuses.
Mais nous avons bien profité du parc quand même !
C’est donc à notre façon que nous avons découvert le parc, en dormant au départ du sentier qui mène au point de vue des fameuses « Torres del Paine ». Le lendemain matin, malgré une météo très capricieuse nous nous engageons sur le sentier et plus nous avançons plus le temps se dégrade. Dans la plaine nous devons nous pencher pour pouvoir avancer face au vent, après une heure et demie de marche nous avançons maintenant en pleine tempête, sur un chemin à flanc de montagne, les rafales sont de l’ordre de 80-90 km/h et la pluie nous fouette le visage. Nous sommes trempés jusqu’aux os.
Alors que les sommets ont disparus depuis longtemps derrière un épais rideau de pluie nous décidons de rebrousser chemin jusqu’au van.
Des tours nous n’aurons donc pas vu grand-chose de plus près…Heureusement nous avions profité de la vue dégagée lors de notre arrivée la veille sous le ciel bleu.
Coincés dans le van par la pluie battante on se sent un peu frustrés mais finalement on sera peut-être les seuls à avoir passé une après-midi à série-gâteaux à Torres del Paine !
Le lendemain le temps s’est (un peu) dégagé et nous en profitons donc pour traverser le parc en van en marquant plusieurs arrêts. Une première balade nous fait découvrir une belle cascade et un panorama sur la vallée Française, cœur du parc de l’autre côté du lac.
Nous poursuivons notre exploration dans l’après-midi. Une piste de 20km nous permet d’accéder au départ du sentier pour le mirador du glacier Grey.
Après avoir traversé une forêt, à l’abri du vent, le sentier débouche sur une plage. Là les rafales à plus de 90 km/h nous déséquilibrent mais après 1 km face au vent le spectacle vaut le coup, plusieurs icebergs sont échoués dans la baie et l’on aperçoit au loin le glacier Grey.
C’est avec le retour de la pluie que nous quittons le parc en direction de Puerto Natales. Notre expérience des lieux aura été mitigée mais nous étions prévenus aussi bien pour la météo instable que pour les travers engendrés par le tourisme de masse.
W.