En entrant en Argentine par le col de Jama nous laissons derrière nous les hauts plateaux andins, fini les routes à plus de 4000m et la culture Quechua. Une fois passé le petit village de Purmamarca, au fond d’une vallée encaissée, les montagnes font place à des plaines quasi désertiques qui vont défiler sous nos roues jusqu’à Mendoza.
Salta
C’est à Salta que nous entrons vraiment en contact avec les Argentins et leurs coutumes. Mais avant d’entrer en contact avec eux il a fallu les trouver. Héritage de la culture espagnole les villes se vident entre 13h30 et 17h heure du déjeuner, suivi de la sieste. Sensation étrange de déambuler dans une ville déserte et de passer devant des magasins clos en pleine après-midi.
Quand l’activité reprend nous découvrons des citadins habillés à l’européenne (enfin presque, Camille envoie quand même un message en France pour savoir si la mode des chaussures aux semelles compensées, appelées ici plataformas, est revenue au (mauvais) goût du jour) et qui semblent avoir un mode de vie bien plus proche du notre que leurs voisins Boliviens.
Après une balade dans la ville qui nous aura permis d’appréhender cette nouvelle culture nous terminons la journée dans une peña, restaurant cabaret, une des spécificités de la ville. Nous assistons à un concert de Samba dans une salle ambiancée par les nombreux touristes nationaux qui reprennent les classiques avec le groupe en faisant tourner leurs serviettes au-dessus de leurs têtes.
Quebrada de las conchas
Notre route vers le Sud nous mène ensuite à travers la Quebrada (canyon) de las conchas. Nous traversons cette vallée bordée de parois rocheuses en évoluant dans un paysage aride où toutes les teintes de rouge et d’ocre des montagnes se mélangent au jaune du sable et au vert des quelques arbustes qui bordent le fleuve dans son lit caillouteux. 
Quilmes
A la sortie de la Quebrada nous passons par le village de Cafayate, oasis au milieu des terres arides où l’on cultive la vigne au milieu des cactus. Ici c’est le cépage Torontes qui est le plus répandu, il est utilisé pour l’élaboration d’un vin blanc qui ne nous aura pas subjugués.
A quelques kilomètres au Sud du village se trouve les ruines de Quilmes. Un site précolombien qui fut occupé entre le IX et XI siècle. Les occupants de l’époque trouvèrent ici un microclimat propice à l’agriculture. En montant au sommet des collines qui entourent le site on se rend bien compte de la sécheresse de la région et on imagine l’étendue de la cité où vécurent jusqu’à 8000 personnes et dont seulement 10% a été mis à jour.
Parcs Talampaya et Ischigualasto
Dernière étape avant d’arriver à Mendoza 450km plus au Sud, les parcs de Talampaya et Ischigualasto. Ces deux parcs permettent d’accéder à des zones protégées d’une façon différente et bien particulière pour chacun d’entre eux.
Talampaya
L’accès au parc ne se fait qu’en tour organisé, pour limiter l’impact des véhicules sur l’environnement. En plus de l’entrée à 12,5€ par personne nous payons donc 31€ chacun pour visiter le canyon dans un gros camion 4×4 vitré. C’est cher mais on ne reviendra surement pas de sitôt dans le coin…
Ça nous fait bizarre de nous retrouver dans cette « attraction » touristique mais il faut avouer que les paysages sont grandioses et qu’on peut ainsi observer tranquillement les hautes parois rougeâtres du canyon.
Initiation au Maté
L’avantage des tours organisés c’est qu’on y fait parfois de belles rencontres. Nous sympathisons avec une famille d’argentins qui nous fait goûter le maté, boisson nationale juste après le vin. Ici, à n’importe quelle heure de la journée, tout le monde se promène avec une tasse de laquelle dépasse un tube métallique. Il s’agit en fait d’une paille dont l’extrémité, qui trempe au fond de la tasse, fait office de filtre pour boire le maté. L’herbe à maté est posée directement sur l’eau frémissante (mais surtout pas bouillante !) dans la tasse pour infuser mais elle ne doit pas être remuée. Ils nous expliquent aussi que pour eux les meilleures tasses à maté sont celles en calebasse car le matériau est d’origine naturelle et donne un goût plus neutre que le bois au breuvage.
Le maté se partage, on remplit sa tasse d’eau chaude en prenant garde de ne pas mouiller l’herbe au préalable inclinée à 45° dans la tasse, on boit quelques gorgées puis on fait passer la tasse au voisin qui la remplit à nouveau. L’herbe à maté n’est changée qu’une ou deux fois dans la journée. Nous repartons avec un paquet d’herbe offert par la famille, il ne reste plus qu’à acheter la tasse et la paille pour pratiquer.
Ischigualasto, vallée de la lune
Le mode de visite de ce second parc est également particulier, il ne se fait que sous forme de caravanes de voitures. A bord du van nous suivons donc une quinzaine de voitures sur un sentier de 40km dans la vallée. Dans la voiture de tête un guide nous indique quand nous arrêter. Tout le monde descend alors de son véhicule pour écouter ses explications.
Nous évoluons ainsi pendant environ 4h à travers des petites collines blanchâtres qui en effet rappellent les images de la lune. On a trouvé ici des fossiles vieux de plusieurs centaines de millions d’années..! Nous terminons le tour de nuit mais avant ça nous avons le droit aux lueurs du crépuscule qui embrasent les falaises rouges qui bordent la vallée.
Ce n’est pas le mode de visite le plus propice à la contemplation des paysages mais une fois de plus ça nous aura permis de faire une belle rencontre. Nous engageons la conversation avec Carlos et sa famille voyageant en bus scolaire transformé en camping-car. Le courant passe bien et nous nous retrouverons quelques jours plus tard dans leur maison en périphérie de Mendoza pour un diner mémorable autour d’un Asado, le fameux barbecue argentin.
W.