Un poste frontière dans le désert
La route qui connecte la ville d’Uyuni à la frontière chilienne est une piste de terre qui serpente à travers des paysages désertiques. Nous y passons une nuit avant d’atteindre la frontière. Les steppes s’étendent jusqu’au pied de montagnes de terre, des volcans aux cimes enneigées. Aucun arbre à l’horizon. La seule forêt que nous traversons est constituée de roches rouges, qui se dressent dans la plaine. Au loin, nous apercevons les langues blanches de la fin du Salar d’Uyuni. Nous avançons en solitaire sur la piste. A peine deux ou trois 4×4 croisés en plusieurs heures de route.
Lorsque nous arrivons au poste frontière d’Ollagüe, perdu entre deux volcans, deux cyclistes patientent devant la frontière fermée pour cause de « Pause déjeuner », un couple de voyageurs que nous avions rencontré à Sucre au centre du pays. Nous prenons nous aussi le temps de déjeuner, histoire de terminer nos denrées alimentaires interdites par les douaniers chiliens comme le chorizo, les fruits et légumes frais, mais aussi le riz et tout autre type de graines. Nous sommes autorisés à poursuivre notre route côté Chilien, seulement après s’être débarrassé de notre petite plante grasse qui faisait la route avec nous depuis la Colombie…
La route se poursuit à travers les paysages grandioses du désert d’Ollague, par une voie asphaltée fraîchement réalisée. Nous sommes toujours résolument seuls dans ce cadre exceptionnel et sauvage.
Réveil à la vapeur à 4300 mètres d’altitude : Geysers del Tatio
Après une nuit dans la région de Calama, nous passons par le petit village de Chui-Chui avec son église en Adobe blanchie à la chaux et ses portes en bois de cactus lié par des lanières en cuir de lama.
Nous atteignons ensuite le site des Geysers del Tatio. Le site se situe à près de 4300 mètres d’altitude, niché au cœur de sommets enneigés. Après la nuit surplace, le réveil à 5h45 est glacé. Le thermomètre affiche -13°C à l’extérieur et il fait près de -2°C dans le van. A l’aube avec ces températures, une quarantaine de geysers (soit 11% des geysers de la planète sur un seul et même site.. !), répandus sur toute une zone au pied des montagnes, dégagent des fumeroles de vapeur qui s’élèvent dans la lumière rose du matin. L’eau bouillonnante des sources chaudes dégagent des fumées épaisses de vapeur d’eau en raison de l’amplitude thermique. Le spectacle est hors du commun et nous rappelle un peu les paysages que nous découvrions dans le parc de Yellowstone il y a maintenant plusieurs mois.
Des déserts de sel aux roches rouges : On a
marché sur la lune…
A une centaine de kilomètres plus au Sud, nous atteignons le village prisé de San Pedro de Atacama, petit oasis de boutiques, restaurants, et agences de voyages situé à la lisière du désert. Des bâtiments en Adobe d’un niveau longent des ruelles de terre accidentées.
Le vent souffle fort, soulevant des nuages de poussière. Dans ce désert ou l’eau est rare, les habitants jettent de l’eau devant leur porte pour humidifier la terre. Au moment de notre passage, une tempête de sable rend la visite des environs difficile. Le vent violent soulève le sable du désert, qui s’insinue partout. Durant deux jours, nous nous réfugions à l’abri du van, en évitant de mettre le nez dehors.
Depuis San Pedro, la plaine du désert s’étend à perte de vue, encadrée des sommets encore enneigés de la chaîne de volcans. Les paysages de la région sont d’une diversité incroyable. Au Sud, des pierres rouges encadrent une étendue d’eau gelée. De Chaxa à Tebinquinche, les flamands roses sont autant de tâches de couleur pastel sur le sel du désert. Les lagunes reflètent les montagnes éclairées par le soleil rasant comme des miroirs. Le sel saupoudre les crêtes des dunes de sable immaculées dans la sublime vallée de la Luna. Des roches sculptées par l’érosion hérissent les abords d’un lac de sel dans le Salar de Tara. Les étoiles constellent le ciel noir traversé par la voie lactée, le temps de bivouacs solitaires au cœur du désert.
Après une semaine dans la région, groggys de paysages hors du commun, nous poursuivons notre route vers le Nord de l’Argentine…
C.