Nous arrivons à Cuzco à la tombée de la nuit par les quartiers en hauteurs qui surplombent la ville. Le van de faufile dans les ruelles étroites et escarpées jusqu’à un parking sécurisé, près du centre-ville, où nous le laisserons le temps de notre séjour citadin. A 5 avec les copains, difficile de faire du camping urbain comme nous le faisons habituellement… du coup nous changeons nos habitudes pour l’occasion et réservons un dortoir rien que pour nous dans une auberge ! Nous grimpons dans les ruelles éclairées du quartier San Blas pour atteindre notre hébergement, une vieille ferme en adobe et pierres sèches avec vue sur les lumières de la ville.
Cuzco, de la capitale inca à la ville coloniale touristique…
Fondée par les Incas au 12ème siècle, Cuzco fut la capitale de cet empire qui fut durant près de 150 ans, le plus vaste des Amériques. En langue quechua, qosq’o signifie « Le nombril du monde ».. Rien que ça ! A son apogée, en 1532, les Européens découvrent le « nouveau monde » et au cours des années qui suivent mettent à feu et à sang l’Empire Inca. Une fois la ville conquise, les espagnols se désintéressent peu à peu de Cuzco pour se tourner vers Lima, la nouvelle capitale du pays, fondée par les conquistadors eux-même. La découverte du Machu-Picchu au début du 20ième siècle relance l’essor touristique de Cuzco.
Les rues de cette ville sont chargées d’histoire. Des énormes blocs de pierres incas qui forment encore le soubassement de nombreux édifices aux callades des ruelles réalisées par les conquistadors, les époques et les différentes civilisations qui ont marqué la ville se superposent les unes aux autres. Une grande partie des édifices de la ville sont construits en terre.
Aujourd’hui, capitale Inca cosmopolite forte de son histoire, Cuzco est devenue une destination touristique de première importance. Sa proximité avec le site mythique du Machu-Picchu en fait un point incontournable lors d’un voyage au Pérou. Inévitablement, des boutiques d’artisanat semi-indutriel de produits d’importation se multiplient à chaque coin de rue, proposants tous les mêmes figurines et autre lainages à bas prix, des femmes « déguisées » en tenue traditionnelle prennent la pose accompagnées de leur lama ou bébé alpaga décoré de pompons colorés, hélant les passants pour une photo en échange de quelques Soles.
Au-delà de cet aspect touristique parfois déplaisant, Cuzco dévoile tous ses charmes au cours de ballades dans les ruelles escarpées de ses quartiers hauts et sur les places principales du centro. Sur la plaza de las Armas, la Cathédrale s’élève, majestueuse. Les balcons de bois encerclent la place au-dessus de colonnades en pierre. Dans les rues, derrières les étals, les femmes tricotent à toutes les heures de la journée… !
Le charme bohème du quartier San Blas
Le quartier San Blas, qui surplombe la ville est le quartier tendance de Cuzco. Il regorge de bonnes adresses de restaurants, petits bars sympathiques à l’ambiance feutrée et boutiques de créateurs le tout dans un dédale de ruelles pavées qui montent et qui descendent dégageant des vues sur le centre de la ville. Ce quartier attire les touristes avec sa concentration impressionnante d’auberges et hôtels accessibles aux voyageurs, tout en conservant une certaine authenticité. Le soir de notre arrivée, la fête du quartier anime la place San Blas, où une foule de locaux se presse devant le parvis de l’église éclairé et décoré pour déguster de la cuisine de rue en musique.
Le drapeau multicolore arboré aux fenêtres et aux façades n’est pas le drapeau LGBT mais le drapeau arc-en-ciel de Tahuantinsuyo qui représente les quatre directions de l’Empire Inca.
La gastronomie Péruvienne et l’abondance des marchés
Notre séjour Cuzqueno a été l’occasion de se remplir la panse de mets finement cuisinés ! La cuisine péruvienne est influencée par différentes cultures. Mixant plats espagnols, saveurs andines, produits amazoniens et cuissons asiatiques, la palette des plats à savourer est richissime. Entrainés dans le rythme de vacances de copains, nous avons écumé les bonnes adresses de la ville, l’occasion de découvrir ceviches en pagaille, « picante de cuy » (ragout de cochon d’Inde), grillades de lama, viande de porc fondantes cuites au four d’adobe, « lomo saltado » (porc sauté façon wok), rocotos rellenos (poivrons rouges farcis), truite grillée, soupe de quinoa, tamales (gateaux de maïs fourrés à l’anis et raisins secs ou à la viande)…etc. Enfin, l’énumération de nos découvertes gustatives ne serait pas complète sans évoquer le Pisco Sour, cocktail à base de Pisco, eau de vie de vin dont le Pérou et le Chili se disputent l’origine historique.
Lors d’un intermède mécanique dans les faubourgs de la ville pour faire reconstituer nos freins usés jusqu’à l’os, nous faisons la rencontre de la gérante du garage. Dans la cour arrière, deux employés sont en train d’édifier un mini four en brique d’adobe, assemblées à sec. Elle nous explique la technique de cuisson des pommes de terre « à la Huancaina » dans ce four d’adobe, une tradition culinaire héritée des Incas. Après avoir allumé le feu dans cette petite construction temporaire, les pommes de terre sont entreposées à l’intérieur et le four est esuite écroulé. Les pommes de terre cuisent durant près d’une heure dans la chaleur des briques de terre qui les recouvrent. Une fois les freins réparés, nous serons obligés de décliner l’invitation à partager le repas avec toute l’équipe du garage car nous ne pouvons pas abandonner les copains qui nous attendent pour un almuerzo au Marché San Pedro.. !
Au cœur des marchés de Cuzco, de San Pedro à celui des San Blas, on retrouve l’agitation et l’abondance propre à la culture andine. Des étals de fruits, de fromages et des graines en tout genre remplissent les allées et les odeurs de cuisine des « comedors » (petits stands de restauration au cœur du marché) embaument toutes les halles. Nous profitons de l’heure du petit-déjeuner pour déguster un copieux « lechon al horno » (Cochon de lait au four) accompagné de ses tamales (gateaux de maïs fourrés à la viande), seul moment de la journée où les femmes des comedors servent ce plat. Nous ne remangerons rien jusqu’au soir !
La culture indienne sur le devant de la scène
Depuis quelques années, l’identité indienne de Cuzco est revendiquée. Beaucoup de rues ont été rebaptisées dans la langue quechua et la culture indigène est mise à l’honneur. 
Nous avons assisté à un spectacle de folklore péruvien, mettant en scène des danses en costumes traditionnels des différentes régions du pays. Au son des musiques andines aux airs parfois asiatiques, les costumes colorés et des masques et perruques extravagants s’animent en rythme.
« La vallée sacrée » : des sites incas remarquables aux alentours de la ville
Cuzco est la porte d’entrée de la « vallée sacrée », la vallée du fleuve Urubamba, une région riche en vestiges Incas. Lors d’une journée de marche aux alentours de la ville, nous découvrons les sites de Tambomachay, Pukapukara, Q’enqo et Sacsayhuamán. Tous dans un genre différent, ils témoignent du passé Inca de la ville et de ses alentours : bains, Lieux cérémoniels, pavillon de chasse.. etc
Le site le plus impressionnant reste celui de Sacsayhuamán. Le plan de la ville de Cuzco aurait été conçu en forme de Puma, et le site de Sacsayhuamán en serait la tête. Les murs en zigzag de la forteresse à trois niveaux représenteraient les dents du félin. Les assemblages des blocs sont ahurissants. Les blocs, dont certains pèsent plusieurs centaines de tonnes sont empilés les uns sur les autres avec une précision de taille qui défie tout entendement lorsque l’on imagine les conditions et les outils de travail de l’ époque… Cet ajustement parfait ne permet même pas de glisser la lame d’un couteau entre deux blocs de pierre !
Nous redescendons à Cuzco par les ruelles hautes de la ville, un peu déconcertés par la prouesse architecturale de ce lieu monumental… Nous ne sommes pas au bout de notre émerveillement, car au-delà de la vallée sacrée se niche le trésor du pays : Le Machu-Picchu…
C.